AVANT
Trois semaines, ça représentait 21 jours, vingt-et-une fois 24 heures ou 30240 secondes.
Avant, 3semaines, ça correspondait à la durée de mes vacances d’été,
Au temps qu’il me fallait pour perdre 3 kg en allant randonner 3 fois par semaine
À la période de menstruation des filles
A la période de la chasse (en septembre) et au brahme du cerf.
PENDANT
des années, lorsque j’étais à l’école, c’était mon rêve
Que les week-ends durent trois semaines et les semaines trois jours
Que dans les trois semaines Sonia accepte de me faire un beko sur la bouche
Puis, bien plus tard, qu’une autre Sonia accepte de sortir avec moi.
DEPUIS TROIS SEMAINES,
Je pense à Edmond, aux vacances de Noël à venir, aux pentes enneigées et….
Au fait qu’en psychologie on dit que le cerveau a besoin de 3 semaines pour qu’une habitude devienne un automatisme.
Que, enfin, 3 semaines ne seront jamais suffisantes pour être à la hauteur de l’ingénieuse et ambitieuse mise en scène de Stéphane Albelda.
MAINTENANT,
C’est à Rostand que je pense.
A la première, le jour de l’échéance.
Et quand je pense à Rostande (comme le disent les Corses de la pièce – pas à Fernande) quia écrit et monté Cyrano en trois semaines, je crie au génie : « Ô Génie ! » Trois semaines pour créer un chef-d’œuvre ! Un des plus grands que le monde du théâtre n’ait jamais vécu ; les applaudissements les plus longs de l’histoire du théâtre.
Un triomphe absolu.
C’est pourquoi Alexis Michalik, récompensé par 5 Molières en 2017, s’est emparé du mythe pour en faire une comédie rythmée, précise, dynamique et poétique. Il mélange habilement les scènes de la vie d’Edmond et celles de Cyrano.
Cette savante juxtaposition mêlant la fiction et la réalité révèle, tout en finesse, les arcanes de la création et de l’inspiration.
De l’inspiration, c’est ce qu’il va nous falloir pour jouer cette pièce virtuose au rythme endiablé qui ne voit pas moins de 80 tableaux défiler à la vitesse d’une comète, laissant derrière elle trainer le respect, l’enthousiasme et sa queue drolatique.
Jérôme Melly