A condition de se protéger des tiques, la forêt est, par les temps qui courent, un lieu recommandé !
Rien de tel pour ce décor de théâtre métaphorique : la forêt des pendus, au Japon. Elle est polluée, brumeuse, sombre, habitée par des « errants » punis d’une vie d’atrocités. Trois jeunes, dont l’un a disparu, y sont en mission scientifique et passent leur temps en mesures, analyses, rapports et communication avec la base. Ils les partagent longuement avec le public !
Cela n’a rien d’un campement de plaisirs et découvertes. Les « champignons » prescrits aident, au fil des longues journées d’observations lentes et méticuleuses, à supporter le non-sens, le mystère, la peur, l’angoisse, les résultats négatifs, l’inconfort, …
Le spectateur est de plus en plus mal assis…et craint l’issue ! Pourtant, les acteurs arrivent, vers la fin, à trouver une solution pour fuir ce lieu maudit : changer de campement ou, avec un CV amélioré, travailler dans une organisation, se revoir pour partager un pique-nique, … et même à évoquer deux épisodes, dans leur vide existentiel, où ils ont éprouvé des sensations « bizarres » qu’ils pensent être le « bonheur ». Quelle misère !
Sans la rage de vivre, ils optent pour un grand voyage.
Ce spectacle, UTILE et responsabilisant, troublant, dérangeant, me renvoie à l’héritage empoisonné que nos générations transmettent à nos descendances. Malheureusement la seule solution pour beaucoup est le départ vers « un monde meilleur » !
Marie-Madeleine de Chastonay
© Pierre Daendliker