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Le blog de Marion

** Je penserai à vos regards

October 7, 2024

Vous parler de Fantasea de Delta, voilà l’objectif que je m’étais fixé samedi avant d’aller au spectacle. Pour commencer, voir ces héros du quotidien en super-héros sur scène, quel bonheur ! Bravo à chacun d’entre eux, ils ont dansé, chanté et nous ont emmené dans un univers extraordinaire qui leur ressemble. Beaucoup d’émotions…

Voilà, c’est ce que je vous dirais, si je n’étais pas moi, et qui mérite vraiment d’être dit :Merci et bravo à Klersu, Sarah, José, Antoine, Thaïs, Diana, Klaire-Alice, Nadia, Yannaëlle, Isaac, Sema et tous les autres  : vous avez été magnifiques sur scène. Je le dis et, si je n’étais pas moi, je passerais à autre chose.

 

Mais voilà, je suis moi, Marion coincée dans mon fauteuil et mon handicap, alors j’ai encore beaucoup à dire….Tout d’abord ça fait un bien fou d’aller voir un spectacle comme ceux de Delta ou un film avec des gens qui me ressemblent (ceux qui n’ont encore pas vu Un petit truc en plus de Artus filez au cinéma …). Ça donne l’impression de faire un peu partie de ce monde, de cette société qui se dit souvent inclusive, mais qui l’est si peu et si mal et qui le plus souvent préfère carrément exclure, tout simplement…

Pour nous les gens sur 4 roues, c’est très facile de nous interdire l’accès: « Je suis désolée, mais l’ascenseur est trop petit pour votre fauteuil…vous ne pouvez pas y aller, il y a une vingtaine de marches d’escalier…oh mince la porte est trop étroite le fauteuil ne passe pas…les toilettes, elles sont au sous-sol, bienentendu…ah..je n’y avais pas pensé… »

 

Alors c’est vraiment très émouvant de voir sur scène que chacun, valide ou non, peut être soi-même et être accueilli pour ce qu’il est. Le plus touchant, c’est cette amitié que l’on devine entre eux tous. Ils sont juste ensemble et c’est magique.

 

Mais si je n’étais pas moi, je n’aurais pas remarqué que dans cette salle de spectacle, il se passait quelque chose de bien plus extraordinaire encore. Moi, Marion, je me suis retournée souvent sur mon siège, non pas parce que le spectacle ne me plaisait pas ou que le son était trop fort ( oui ça ça pourrait être amélioré…)mais je voulais vous regarder vous, vous les spectateurs qui étiez dans cette salle avec moi. Je voulais vous voir rire, vous voir sourire et applaudir, mais surtout je voulais voir vos regards, vos regards posés sur ces artistes qui me ressemblent : ils étaient doux et bienveillants, attentifs et plein de joie. Et ça, croyez-moi, c’est vraiment l’événement le plus extraordinaire qui s’est produit samedi dans cette salle de spectacle. Je vous ai fixé longtemps, pourque cette image soit gravée dans mon cœur et que je puisse la retrouver quand j’en aurai besoin. Je penserai à vos regards de samedi soir, quand je traverserai la ville ou que je serai dans une file d’attente ou dans une foule et que je ne pourrai plus supporter ces regards qui se posent sur moi. Quand je n’en pourrais plus de la centième moue de pitié ou pire de dégoût, de ceux qui font semblant de ne pas t’avoir vu et qui te jettent des coups d’œil en biais, de ceux qui ont peur et de ceux qui vous fixent carrément…je penserai à vos regards à vous samedi soir et je me nourrirai de votre bienveillance.

Alors si nous voir dans des films ou sur des scènes ou aux jeux paralympiques pouvait juste vous habituer un peu à notre présence, à notre existence, cela nous rendrait la vie tellement plus facile, plus belle et surtout moins fatigante. Je comprends que la différence fasse peur et interroge et que la plupart du temps vous ne savez pas comment faire…alors la prochaine fois que vous me croiserez ou que vous croiserez quelqu’un qui me ressemble, qui a un petit truc en plus, pensez juste à ce que vous avez ressenti en voyant les artistes de Delta sur scène ou le film d’Artus et adressez-nous un petit sourire…

 

Marion

Crédit Photo : Formation DELTA

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