Mafiosas m’a offert un retour vers un long passé cinéphile de plus de 50 ans. Des épisodes cultes, présentés magistralement avec dérision et une violence peu crédible, dans une dramaturgie burlesque ont évoqué la Mafia, les westerns, les thrillers « remarquables » de l’Histoire du cinéma. Les rôles emblématiques des acteurs-idoles de l’époque sont repris par des mafiosas, des tueuses, des abuseuses, des journalistes,… Des femmes quoi ! C’est choquant, même s’il y en a qui sont potentiellement… Le problème dénoncé est que dans cette culture cinématographique on ne leur accorde jamais les soidisant beaux rôles des célèbres mâles irrésistibles et dominateurs. Les actrices-potiches décorent, servent, font valoir, se dégustent, se matent… Pourtant aujourd’hui que les femmes réclament à corps et à cris l’égalité, je n’arrive pas à les voir dans ces rôles de prédateurs.
J’ai aimé ces films, ils m’ont formée, mais jamais je n’avais vu ainsi l’envers du décor. Peut-être naïvement, je croyais qu’il s’agissait d’un rôle de potiche de composition. Et j’ai eu la chance de vivre dans une société où les femmes n’avaient pas à le jouer, ce n’était pas ma réalité, et ce pour beaucoup de femmes, heureusement. Dans ce temps-là, nous n’avons pas plus vu les abus qui se pratiquaient derrière la prestation des journalistes femmes qui rarement apparaissaient au petit écran, comme nous n’avons jamais imaginé les pratiques de certains milieux littéraires, politiques, familiaux des « Familia grande ».Et aujourd’hui, nous ne voyons pas plus la pédophilie, la pornographie offerte aux plus jeunes, le travail des enfants derrière nos baskets ou nos tee shirt bon marché, les dérives des réseaux sociaux, la marchandisation des corps et des esprits…
La parole se libère ! Les consciences s’éveillent ! Et même si le chemin est encore difficile, il faut s’y engager avec courage et certitude. Car l’esprit dominateur, la prédation, l’esclavagisme, les enjeux de pouvoir ne manquent pas de stratégies.
Nous savons désormais que la naïveté n’a plus cours, que nous avons une place à prendre, la nôtre avec tous nos atouts et non ceux copiés aux mâles dominants. Mais il faut aussi savoir qu’il en existe de formidables et de fréquentables !!!
La metteuse en scène Ludmilla Reuse et sa troupe Cie 2LA, avec créativité, conviction, talent, professionnalisme et maturité secouent nos léthargies, nos béatitudes ou renforcent nos intuitions et nos convictions, développent notre esprit critique. Quelques coups de poings saignants et violents, de la dérision, pour remettre les idées en place !!! Et le plaisir de vivre un beau spectacle original et utile !!
BRAVO aux très jeunes interprètes convaincants !
Marie-Madeleine de Chastonay