Wannabe

Avec Wannabe, Kiyan nous invite à dialoguer avec l'enfant que nous avons été, qui est encore là, quelque part. A le regarder avec nos yeux et notre cœur d'adulte et à recommencer à jouer malgré l'injonction qu'on nous fait de ne plus jouer parce qu'on a passé l'âge. A quel moment seul dans sa chambre, l'enfant se construit, pourquoi, comment et face à quoi ? Comment se prépare-t-on à affronter le monde et peut-on convoquer notre rapport à l'enfance une fois adulte ?

Les projets de Kiyan Khoshoie prennent source dans ce qu’il est et dans ce qu’il sait ou perçoit de lui-même. Il est la propre matière avec laquelle il travaille ; son corps, forgé à de longues années de danse, et aussi sa vie, ses souvenirs.

Ni autofiction, ni spectacles documentaires, il s’inspire de lui-même, des gens qu’il côtoie ou a côtoyé, des situations vécues ou racontées. Et il traite cette matière comme une pâte à modeler, la malaxe, la triture et en extrait le suc, la moelle.

Wannabe nous fait entrer dans l’imagination du danseur et dans sa chambre d’enfant, son terrain de jeu privilégié ; imiter les chanteurs et chanteuses pop qu’il vénérait, pour partir à la découverte de son propre corps, cherchant à s’inventer des modèles. Rêver d’être les autres pour mieux s’apprendre soi-même.

Attitudes, mouvements, positions, il se souvient de tout, son corps se souvient de tout, ça l’a sûrement forgé, ça l’a certainement amené à ce qu’il fait aujourd’hui. Dans sa chambre — à la fois espace physique et mental —, il se cache, s’enferme et parvient à en faire exploser les murs. Nait alors une multitude de possibles, un univers en expansion permanente qui bouillonne, se transforme et l’accompagne vers un « être ailleurs et différent ». Kiyan Khoshoie nous invite à revenir vers ce territoire du jeu, à reconvoquer ces moments-là, pour explorer ce qu’il en reste et nous demander si l’enfant que nous étions dialogue encore aujourd’hui avec l’adulte que nous sommes devenu.e.

Rouvrir cet espace ludique revient à ouvrir la boîte de Pandore et y puiser la matière de cette création, Wannabe, ce « vouloir être »… être soi-même en s’inspirant des autres, leurs mots, leurs corps et leurs mouvements et ainsi mieux s’émanciper et trouver sa propre liberté.

‍